Les enfants à l’église

Steve Atkerson

Lors d’une conférence sur les églises-maison en Virginie, avant que ne débute la période de discussion, j’ai murmuré à mon ami que j’étais certain que la première question serait « Que faisons-nous avec les enfants? » Et bien entendu, ce l’était. À mon avis, c’est la première question que se posent ceux qui envisagent l’église-maison. C’est une grande pierre d’achoppement et pourtant, ce ne devrait pas. Ce chapitre examinera trois choses : premièrement, les philosophies ou les points de vue différents qu’ont l’église institutionnelle et l’église-maison envers les enfants; deuxièmement, les problèmes concrets qui surviennent; et troisièmement, l’avantage pour les enfants de faire l’église à la maison.

Dans un article que j’ai écrit, j’ai posé cette question : « Que faites-vous pour les enfants? » J’ai honte de dire que dans le brouillon de cet article, j’avais écrit : « Que faites-vous avec les enfants? » Inconsciemment, j’avais succombé à la philosophie ou au point de vue d’une grande partie de l’église institutionnelle : les enfants sont un problème, ils dérangent le très prestigieux « service » où des professionnels importants et payés, vêtus de robes ou en complet donnent d’éloquents sermons et où les saints auditeurs, sérieux et tranquilles, sont assis comme morts sur des bancs. De ce point de vue, la question devient : que faisons-nous des enfants pendant que nous faisons les choses très importantes du « service »?

Ni Jésus, ni les apôtres ne se sont inquiétés au sujet de ce qu’ils feraient des enfants. Jamais Jésus n’a dit « Permettez que les petits enfants soient mis à l’écart à la garderie. » Pouvez-vous imaginer qu’on ait amené les enfants à l’Église des Enfants pendant le Sermon sur la Montagne?

Les Écritures ne disent pas grand-chose sur ce qu’il faut faire avec les enfants lorsque les croyants s’assemblent. Mais je ne peux m’imaginer que les croyants de l’époque n’avaient pas d’enfant. J’imagine qu’on n’en a pas dit grand-chose parce que les premiers chrétiens n’ont pas fait de cas de cette question. Les églises étaient dans les maisons; les familles vivaient dans les maisons; les enfants se réunissaient avec l’église dans les maisons.

Bien que les Écritures ne disent explicitement rien au sujet des enfants et des assemblées de croyants, il y a des indices. Par exemple, on mentionne explicitement que les enfants étaient présents lorsqu’on nourrit cinq mille personnes et aussi lorsqu’on en nourrit quatre mille (Mt 14:21, 14:38.). Lors d’un voyage missionnaire, « tous, avec leurs femmes et leurs enfants » ont accompagné les apôtres sur la plage pour prier à l’occasion de leur départ (Ac 21:5b). Finalement, lorsque la lettre de Paul a été lue aux Éphésiens, elle s’adressait directement aux enfants : « Enfants, obéissez à vos parents, selon le Seigneur » (Ep 6:1-2). Comment les enfants auraient-ils pu entendre l’exhortation lue dans l’église autrement que si les enfants étaient à la réunion d’église?

Et en dépit du silence des Écritures au sujet des enfants, je peux garantir une chose : il n’y avait pas d’école du dimanche ou d’église pour enfants. Si l’école du dimanche est un complément si essentiel à la vie d’église, pourquoi la Bible n’en parle-t-elle pas? Le plan de construction de Dieu, la Bible, est complet dans les moindres détails. Quel chrétien nierait que la Bible est le plan parfait? Curieusement, il n’y a pas une seule mention de l’école du dimanche dans le plan de Dieu.

À l’origine, l’école du dimanche n’enseignait pas des histoires bibliques et la morale chrétienne, mais elle a été mise sur pied au dix-neuvième siècle en Angleterre pour donner aux enfants pauvres des moulins et des mines la chance d’apprendre à lire et à écrire. Qui avait premièrement la responsabilité d’éduquer les enfants avant l’apparition de l’école du dimanche? La famille. Je crois que c’est l’avis de la plupart des églises-maison que la famille a toujours la responsabilité première d’instruire et de former des enfants chrétiens. C’est sûrement la raison pour laquelle la plupart des églises-maison (tout comme l’église biblique du Nouveau Testament) n’ont pas d’école du dimanche. Et cela est véritablement un obstacle pour les chrétiens qui envisagent de quitter l’église institutionnelle pour l’église-maison. C’est incroyable le nombre de chrétiens qui s’inquiètent au sujet du bien-être spirituel de leurs enfants au point de s’empoisonner à mort de la religiosité corrompue des églises institutionnelles, pourvu que celles-ci aient un bon programme pour les jeunes. Je suis convaincu que les églises institutionnelles savent cela et qu’elles en profitent en offrant une foule de « ministères pour les jeunes » afin que leurs « payeurs de dîme » ne partent pas. (Bien sûr, je suis conscient qu’il y a d’autres motivations sincères derrière cela aussi.)

Bien que ce soit d’abord le rôle de la famille d’élever les enfants dans le Seigneur, cela ne veut pas dire que l’église-maison ne se préoccupe pas de leur bien-être. Bien au contraire. Si les enfants pensent que l’église de leur parent est une corvée, ils penseront que Jésus est une corvée aussi. Nous devons donc discuter de moyens concrets pour que l’église-maison soit un lieu où les enfants se sentent intégrés.

Lorsqu’on parle de moyens concrets pour intégrer les enfants dans la vie de l’église-maison, on doit comprendre dès le début que si les parents gardent le point de vue traditionnel de l’église institutionnelle dans l’église-maison, cela n’ira pas bien pour les enfants. L’église institutionnelle a la mentalité de la ségrégation juvénile : amenez-les dans les locaux de l’école du dimanche, afin que tout soit Saint et Calme. Bien sûr, cela n’est pas biblique. À votre avis, à quel point les enfants étaient-ils calmes durant le Sermon sur la Montagne? L’église institutionnelle est stricte en ce qui concerne « l’ordre du service » et les enfants, si spontanés et imprévisibles qu’ils sont, ne peuvent jamais s’adapter à ce cadre rigide. Alors la première chose à faire dans l’église-maison est de relaxer – il y aura plus de bruit et d’interruptions dans l’église-maison. Les gens qui ont des enfants doivent cesser de se sentir coupables et les gens sans enfant doivent démontrer plus de tolérance qu’ils n’auraient eu à le faire dans une église institutionnelle.

La deuxième chose à faire est de développer des relations plus rapprochées entre les adultes et entre tous les adultes et tous les enfants. Ce rapprochement est possible dans l’église-maison d’une façon qui est impossible dans l’église organisée. Des relations proches permettent que lorsque le petit Brian est sur le point de tirer la chasse d’eau et d’y mettre un pétard, un adulte qui n’est pas l’un des parents de Brian peut fermement lui dire d’éteindre la mèche, sans craindre que le petit Brian ou sa mère ne s’en offensent.

La troisième chose à faire est de trouver des moyens créatifs et réalisables pour faire participer les jeunes à la réunion avec les adultes. D’où vient cette idée que la réunion (ou l’église) appartient exclusivement aux adultes? Je connais une église-maison où les enfants sont particulièrement doués pour la musique. Les jeunes jouent de la guitare, du violon ou de la flute et se sentent à l’aise pour conduire un chant ou la musique. D’autres églises-maison encouragent les jeunes à partager un témoignage, à réciter un passage des Écritures ou à dire une requête de prière. À l’occasion d’une réunion, mon église-maison a permis aux adolescents de conduire la réunion dans les Écritures et la musique. La réunion a été totalement différente – ça faisait de la variété et ça a aidé les jeunes à s’intégrer. Lors d’une autre réunion de mon église-maison, une des sœurs a donné des « leçons d’école du dimanche » aux jeunes enfants en présence des adultes. Les adultes ont été contraints d’adopter le point de vue des jeunes enfants (quelque chose que tous les adultes devraient faire de temps à autre) et les enfants ont pu avoir du plaisir avec leurs parents tout en apprenant la leçon spirituelle enseignée.

La quatrième chose que je suggère est de ne pas être trop strict quant à la « théologie d’église-maison ». Bien sûr, on ne croit pas dans l’école du dimanche, mais ce n’est pas la fin du monde si quelqu’un apporte quelque chose de spécial pour les enfants ou s’il les prend parfois à part. Et nous ne croyons pas qu’il faut occuper les enfants afin de ne pas les avoir dans les parages, mais il n’y a rien de mal à leur montrer un vidéo de temps à autre (et même si, ô sacrilège, le vidéo n’est pas spirituel car c’est un dessin animé Bugs Bunny).

Une cinquième suggestion pratique que m’a donnée quelqu’un d’une église-maison est d’annoncer à chaque réunion les règles de la maison afin que les parents et les enfants ne fassent rien de mal par mégarde (par exemple, « ne pas manger dans le salon »).

Une sixième suggestion pratique est de tolérer les jeunes enfants agités autant que possible. S’ils deviennent trop bruyants, assurez-vous que les parents comprennent que le bébé devrait être amené à l’écart jusqu’à ce qu’il se calme. Si un parent ne fait pas cela, on devrait l’avertir. Rappelez-vous que les relations sont importantes.

Une septième et dernière suggestion pratique est de ne jamais laisser la réunion devenir ennuyeuse – ni pour les enfants, ni pour les adultes. Si la réunion est sans vie et trop longue pour les adultes, imaginez ce que c’est pour les enfants! Leur durée d’attention est probablement la moitié de la nôtre. Nous devons constamment nous mettre à la place de nos frères et sœurs – et les enfants sont, dans le corps de Christ, nos frères et sœurs. Ayons donc à cœur leur intérêt dans l’amour.

Nous terminons ces réflexions au sujet des enfants et de l’église-maison en présentant les avantages évidents de l’église-maison pour les jeunes. Nous ne devrions pas considérer les enfants comme un obstacle à ce que des gens viennent à l’église-maison. Nous devrions regarder aux avantages de l’église-maison pour les enfants et souligner ces avantages à ceux qui envisagent l’église-maison.

Un grand avantage de l’église-maison est que les jeunes peuvent voir leurs parents entretenir des relations d’amour et de soutien les uns avec les autres. Ils voient leurs parents ouvrir leurs cœurs à Dieu d’une façon réelle, personnelle, non religieuse et sincère.

Un autre grand avantage est que les enfants n’ont pas un statut de deuxième classe dans l’église : ils ne sont pas enfermés, loin de notre vue et de nos pensées dans la garderie, l’école du dimanche ou à un ministère pour les jeunes.

À mon avis, l’un des plus grands avantages est que des relations intimes se développent entre les adultes et les enfants des autres adultes. Dans mon église-maison, je prie constamment pour les enfants qui s’y trouvent. Il y a seulement six couples dans l’église et seulement quatorze enfants. C’est très facile de savoir ce que les jeunes vivent et facile alors de prier pour eux individuellement, chaque jour, par leur nom. Je me permets de vous dire que cela n’arrive pas très souvent dans les grandes églises.

CONCLUSION
Je conclus par une parodie brillante écrite par Doug Phillips de Vision Forum au sujet du programme pour les jeunes de son église. Bien que ça ne décrive pas une église-maison, ses remarques sont tout de même très pertinentes :

« J’ai le privilège de m’assembler dans une église petite et axée sur la famille. Quand on me questionne au sujet des différents programmes de l’église, j’explique que nous sommes bénis avec plus d’une trentaine d’organisations différentes auxquelles nos membres appartiennent – elles s’appellent des familles. Je leur explique ensuite que nous avons plus de soixante responsables pour les jeunes – ils s’appellent des parents. En fait, nous avons un tel horaire rempli d’événements que nous avons une activité obligatoire chaque jour de la semaine – ça s’appelle le culte familial […]

Avec de telles responsabilités sur leurs épaules, nos responsables pour les jeunes doivent vraiment s’y mettre […] Ils doivent étudier la Parole de Dieu plus qu’ils ne l’ont jamais fait auparavant afin de pouvoir diriger leur organisation avec sagesse. Ils doivent être créatifs afin de résoudre les divers problèmes de leurs groupes d’intérêt particulier. Ils doivent apprendre à être patients. Ils doivent apprendre à aimer. Ils doivent même apprendre à réorganiser les priorités de leurs vies.

Cette dernière partie est cruciale. Nos responsables de jeunes auront du succès seulement s’ils réorganisent leurs priorités et s’ils forment leur organisation correctement. Ils le savent. Ils savent aussi qu’il y a un prix à payer. Mais la plupart d’entre eux sont prêts à payer le prix, car ils ont décidé que l’activité la plus importante de leur vie est d’être pasteur de jeunesse et de diriger une organisation spéciale qui s’appelle une famille chrétienne.

Voici ce qu’on découvre : plus nous nous dévouons à diriger fidèlement notre mini-congrégation, plus grande est la bénédiction. Par ailleurs, plus on étudie ce que la Parole de Dieu dit au sujet de ces petites congrégations, plus on voit à quel point le plan de Dieu est merveilleux et génial : équiper l’Église et changer la culture à l’aide de ces organisations souvent oubliées, déformées et mal-aimées appelées les familles chrétiennes. »1

— Dan Walker
04/25/07

NOTES
1 Douglas W. Phillips, “Our Church Youth Group” (San Antonio, TX: Vision Forum Ministries, 2002) www.visionforumministries.org/issues/uniting_church_and_family
/our_church_youth_group.aspx.

QUESTIONS À DISCUTER

  1. Pourquoi est-ce si difficile d’imaginer que les enfants ont été mis à part dans une église pour enfants, version premier siècle, lors du Sermon sur la Montagne?
  2. Dans la Bible, quels sont les exemples où des enfants sont présents lors de rassemblements religieux?
  3. Quelle est l’origine de l’école du dimanche?
  4. Qui avait premièrement la responsabilité d’éduquer les enfants avant l’apparition des écoles du dimanche?
  5. Qui est responsable de l’éducation religieuse de l’enfant? L’église ou ses parents? Expliquez.
  6. Qui sont les vrais responsables de jeunesse dans les églises?
  7. Pourquoi plusieurs parents ne veulent-ils pas avoir leurs enfants avec eux à l’église ou lors d’une étude biblique?
  8. Pourquoi plusieurs parents insistent-ils pour que leurs enfants restent avec eux à l’église ou lors d’une étude biblique, plutôt que de les envoyer à l’école du dimanche ou avec le groupe jeunesse?
  9. Quel rôle peuvent avoir les enfants et adolescents lors des réunions interactives selon 1 Corinthiens 14?
  10. Dans le monde antique, le taux de mortalité infantile était incroyablement élevé. Certains défendent que les plus grandes familles d’aujourd’hui justifient l’utilisation de lieux qui peuvent contenir plus de gens que dans une maison privée (en raison du plus grand nombre d’enfants). Êtes-vous d’accord? Pourquoi?

Remarque : La NTRF offre aussi des ressources pour l’enseignant afin de l’aider à diriger une discussion au sujet de la vie d’église du Nouveau Testament. Demandez The Practice of The Early Church: A Theological Workbook (Leader’s Guide) à www.NTRF.org.