SERVIR PAR LES DONS

Lequel de ces deux groupes de croyants serait le plus en mesure de financer des implanteurs d’église et de subvenir aux besoins des pauvres : un millier de croyants assemblés dans une église traditionnelle avec son propre sanctuaire, auquel on a joint une aile pour l’école du dimanche et un centre pour la famille (qui contient des allées de quilles, des courts de racquetball et un gymnase), ou bien un millier de croyants subdivisés en cinquante églises-maison, dirigées pour la plupart par des responsables à deux vocations? Un sondage effectué sur des congrégations protestantes en Amérique révèle qu’environ 82 % des revenus de l’église servent aux bâtiments, au personnel et aux programmes internes; 18 % seulement vont à l’évangélisation.1 Dans les églises-maison bibliques, ces pourcentages sont très facilement réversibles!

Puisqu’il n’y a aucun bâtiment à payer, bien souvent aucun pasteur à temps plein et qu’on ne perçoit pas les offrandes chaque semaine, les nouveaux adeptes de l’église-maison nous posent souvent la question : « Que faite-on avec nos dîmes et nos offrandes? » La réponse est agréable et libératrice. Premièrement, Dieu aime celui qui donne avec joie (2 Co 9:6-7) et donner à la façon du Nouveau Testament peut être très réjouissant! Deuxièmement, c’est libérateur dans le sens où vos dons peuvent servir aux besoins les plus criants : soutenir les ouvriers de l’église à temps plein et subvenir aux besoins des pauvres.

L’église-maison dont je fais partie fait rarement de collecte. On encourage chaque famille à mettre de côté un montant de leur paie pour faire leur propre fonds d’offrande. Semaine après semaine, les fonds de chaque famille augmentent et ils sont gardés jusqu’à ce qu’il y ait un besoin dans la congrégation. Les dons dans notre église se font généralement directement du donateur au bénéficiaire, sans intermédiaire (même si, à l’occasion, il y a des collectes). Nous donnons de cette façon aux missionnaires, aux orphelinats étrangers, à l’église persécutée, aux anciens locaux et aux pauvres. Dans notre cas, nous n’avons pas de compte en banque pour l’église ni de propriété d’église.

LES COLLECTES

Dans le Nouveau Testament, peu de situations ont nécessité une véritable collecte de la part de toute l’église. L’une d’elles était d’aider les autres croyants dans le besoin (Ac 11:27-30; 24:17; Rm 15:25-28; 1 Co 16:1-4; 2 Co 8:1-15; 9:12). Une autre était afin de soutenir les apôtres (les implanteurs d’église) dans leur ministère (Ac 15:3; Rm 15:23- 24; 1 Co 9:1-14; 16:5-6, 10-11; 2 Co 1:16; Ph 4:14-18; Tt 3:13-14; 3 Jn 5- 8).

Quand des croyants d’ailleurs vivaient des épreuves (en raison d’une famine, de la persécution ou d’autre chose), on demandait aux autres églises de les soutenir financièrement. Évidemment, ces collectes n’étaient pas continuelles — elles cessaient lorsque le besoin était rencontré (Ac 11:27-30; 12:25; 1 Co 16:1-4). Dans cette perspective, nous qui faisons partie de l’église occidentale ferions bien de soutenir nos frères de l’église chinoise. Les dons locaux faits aux pauvres étaient faits en secret et directement (Mt 6:1-4, 19-21; Ep 4:28). L’église gardait aussi une liste des veuves admissibles à un soutien (1 Tm 5:3, 9, 16). L’église avait le devoir de soutenir (envoyer) des apôtres (des implanteurs d’église). Dans le Nouveau Testament, le mot grec pour envoyer (propempo) est associé avec l’idée de soutenir quelqu’un lors de son voyage avec de la nourriture et de l’argent, de lui fournir des compagnons de voyage, d’organiser ses moyens de transport, etc. Cela signifie d’envoyer un apôtre avec des provisions (Ac 15:3; Rm 15:24; 1 Co 16:6,11; 2 Co 1:16; Tt 3:13; 3 Jn 5-8). On peut dire la même chose du mot accueillir (Ph 2:29; 3 Jn 10). Accueillir un implanteur d’église était de lui fournir un logis temporaire et pourvoir à ses besoins matériels. Les implanteurs d’église du Nouveau Testament recevaient une somme d’argent pour se rendre à destination. Une fois là-bas, ils évangélisaient la région, établissaient des églises, donnaient une formation de base puis s’en allaient. En chemin, ils pouvaient être accueillis dans les églises existantes et ils continuaient ensuite leur route.

1 Corinthiens 9:1-14 affirme que les apôtres/implanteurs d’église ont le droit de vivre de l’Évangile. Paul était assez polyvalent pour être capable de pourvoir à ses propres besoins lorsque les fonds de l’église étaient insuffisants. D’autres qui ont reçu des dons dans l’église du premier siècle étaient des évangélistes à temps plein et des anciens compétents. On doit une dette matérielle à ceux qui sèment des bénédictions spirituelles dans nos vies.

Il est troublant de comparer les buts des dons du Nouveau Testament avec les dépenses faites de nos jours avec l’argent pour le ministère. Dans le milieu des années 80, un journal de Memphis rapportait que le bâtiment d’une église baptiste locale au centre-ville avait 330 000 pieds carrés, 1 400 espaces de stationnement, 221 salles de classe et un auditorium pouvant contenir 2700 personnes. Le coût moyen d’entretien par mois, même à cette époque, était de 25 000 $! La valeur de leur orgue était évaluée à 800 000 $.2 Comment Paul et les apôtres ont-ils pu oeuvrer sans avoir recours à de tels moyens? Il n’y a pas grand-chose dans le Nouveau Testament qui peut justifier de telles dépenses. Le modèle du Nouveau Testament est de donner aux autres plutôt que de posséder.

LA DÎME

« La Bible l’enseigne. J’y crois. La dîme. » Telles sont les paroles chantées chaque semaine par la congrégation d’une grande église où j’allais avant. Certains pasteurs-enseignants ont catégoriquement déclaré que si le peuple de Dieu ne donne pas la dîme, il vole Dieu (Mal 3:8-10)! Une méga-église demande à ses membres de réciter le « Credo du donneur de dîme ». Ils répètent « La dîme appartient au Seigneur. Par la vérité, nous le savons. Par la foi, nous y croyons. Avec joie, nous la donnons. La dîme! »

Bien sûr, la Bible enseigne la dîme. Cette même loi mosaïque qui exige la dîme enseigne aussi au peuple de Dieu à ne pas manger de crevettes et d’huîtres. La vraie question est si oui ou non de telles lois de l’Ancienne Alliance nous lient toujours sous la Nouvelle Alliance. La loi de Moïse est-elle identique à la loi de Christ?

À l’opposé, la dîme de l’Ancien Testament était obligatoire et non volontaire. Son but était de soutenir financièrement un gouvernement théocratique. C’était comme notre impôt fédéral. C’était un élément nécessaire à tout le système lévitique avec ses sacrificateurs et son temple (2 Ch 24:6, 9). Contrairement à Israël, l’église n’est pas sous une théocratie, mais sous des gouvernements humains séculiers.

Contrairement à Israël, l’église n’a aucune classe spéciale de sacrificateurs, mais tous ceux dans l’église sont sacrificateurs. Contrairement à l’Alliance mosaïque, la Nouvelle Alliance n’a pas de temple complexe à construire et à entretenir. L’église se réunit plutôt dans les maisons de ses membres et les croyants eux-mêmes (individuellement et en groupe) forment le temple de Dieu (des pierres vivantes pour un temple spirituel). Tout comme il n’y a plus de temple, plus de classe spéciale de sacrificateurs, plus de théocratie, plus de terre sainte, plus de restrictions alimentaires (huîtres, crevettes), il n’y a plus de dîme non plus. La dîme n’est jamais commandée dans la Nouvelle Alliance. Il y a eu un changement de loi (He 7:12), les ordonnances antérieures ont été abolies (He 7:18) et la Nouvelle Alliance a rendu l’ancienne caduque (He 8:13).

Certains frères se sentent obligés de donner la dîme puisque la pratique a en fait précédé l’Ancienne Alliance. Par exemple, Abraham donna la dîme à Melchisédech et puisque l’Ancienne Alliance n’a été instaurée que plusieurs centaines d’années après, la dîme est considérée comme une pratique continuelle qui transcende n’importe quelle alliance. Au premier coup d’oeil, cet argument semble valable. Cependant, lorsqu’on réalise que c’est un événement isolé (et non continuel) dans la vie d’Abraham (on peut dire la même chose de la dîme de Jacob), et qu’Abraham a aussi offert des animaux en sacrifice et qu’il a circoncis les mâles de sa maison (lesquels sont maintenant considérés comme des pratiques religieuses caduques par tous les chrétiens), cet argument perd sa force. Dans le meilleur des cas, on pourrait conclure que nous devons seulement donner la dîme qu’une fois dans toute notre vie!

D’autres ont la conscience liée en raison de cette affirmation de Jésus « vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et vous négligez les choses les plus importantes de la loi […]. Il fallait faire ces choses-ci et ne pas omettre celles-là. » (Mt 23:23). Pour bien comprendre cela, il faut savoir à quoi s’applique le mot loi (Mt 23:23). Jésus parlait aux docteurs de la loi et aux Pharisiens – des hommes qui vivaient avant l’instauration de la Nouvelle Alliance. La loi était celle de l’Alliance mosaïque et non de la Nouvelle Alliance. Les Israélites du temps de Jésus devaient en effet donner la dîme (et, en passant, faire des sacrifices d’animaux). Nous qui sommes sous la Nouvelle Alliance n’avons pas cette obligation puisque la première alliance et sa loi ont été abolies. Vive la loi de Christ!

Bien sûr, il n’y a rien de mal avec la dîme si c’est ce que Dieu vous met à coeur. Comme on l’a remarqué plus haut, Abraham et Jacob ont tous deux donné la dîme volontairement avant même que la loi ne soit donnée. Ce sont des exemples à suivre! Mais ne vous sentez pas obligé de donner la dîme. La clé est de donner selon ce que nous avons à coeur de donner. Jésus est-il mort sur la croix pour que nous ayons à donner moins que dix pour cent?!

SEMER ET RÉCOLTER

La Nouvelle Alliance prône sans hésiter la vertu de la générosité. Dans Matthieu 6:19-21, Jésus nous a enseigné à amasser des trésors au ciel. Dans Matthieu 19:21, Jésus a dit au jeune homme riche de donner aux pauvres afin qu’il ait un trésor au ciel. 1 Timothée 6:18-19 nous exhorte à être « prompts à donner, faisant part de [nos] biens; s’amassant ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un bon fonds, afin d’obtenir la vie éternelle ». Nous devons partager avec les autres, « car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices » (He 13:16). Selon ce que vous donnez régulièrement, quel trésor avez-vous amassé au ciel?

Mais combien devrions-nous donner? Cela dépend de comment nous voulons récolter plus tard, combien nous voulons être bénis et combien de trésors nous voulons au ciel. Les Écritures nous rappellent ceci : « Celui qui sème chichement moissonnera chichement, et celui qui sème abondamment moissonnera aussi abondamment. Que chacun donne selon qu’il l’a résolu en son coeur, non à regret, ni par contrainte; car Dieu aime celui qui donne avec joie. » (2 Co 9:6-7). Selon la Nouvelle Alliance, chacun devrait donner « selon qu’il l’a résolu en son coeur ». C’est tout ce qu’il y a à ce sujet! La dîme, telle qu’exigée par Moïse, n’est pas une pratique de la Nouvelle Alliance. Remarquez bien que le texte dit que notre don doit être fait « non à regret, ni par contrainte » (2 Co 9:7). Si un enseignant vous dit que vous devez donner la dîme sinon vous volez Dieu, n’est-ce pas de vous contraindre? Mais ne prenez pas cette liberté pour couvrir votre avarice. Donnez généreusement. Donnez avec joie. Donnez régulièrement.

Donnez selon ce que vous avez à coeur de donner. Considérez que ce n’est peut-être pas d’utiliser vos dons de la meilleure façon que de les dépenser pour des sanctuaires d’église spéciaux, pour des frais de conciergerie, pour de l’aménagement paysager, pour des meubles haut de gamme semblables à des trônes où le pasteur s’assoit ou pour des orgues à 800 000 $. La volonté de Dieu est que son peuple donne premièrement afin de subvenir aux besoins des pauvres et de soutenir les ouvriers chrétiens (missionnaires, implanteurs d’église, apôtres, évangélistes, anciens compétents, etc.). Priez pour savoir à qui et combien vous devriez donner.

— Steve Atkerson

NOTES

1 “Where Church Revenues Go,” The Atlanta Journal And Constitution (Atlanta, GA: April 19, 1992).

2 John Belfuss, “Mississippi Boulevard OK’s Bellevue Purchase,” The Commercial Appeal (Memphis, TN), A-1.

QUESTIONS À DISCUTER

1. Lequel de ces deux groupes de croyants serait le plus en mesure de soutenir des ministres et de subvenir aux besoins des pauvres : un millier de croyants assemblés dans une église traditionnelle ou bien un millier de croyants subdivisés en cinquante églises-maison, dirigées pour la plupart par des responsables à deux vocations? Expliquez votre réponse.

2. Puisqu’il n’y a aucun bâtiment à payer, aucun budget à respecter et pas d’offrande collectée à chaque semaine, qu’est-ce que les croyants de l’église-maison sont censés faire avec leurs dîmes et leurs offrandes?

3. Quelques causes seulement ont justifié une collecte dans les églises du Nouveau Testament. Quelles étaient-elles?

4. Quel euphémisme est sous-entendu dans les mots « envoyer » et « recevoir » un ouvrier d’église?

5. Quel principe peut-il être tiré de 1 Corinthiens 9:1-14 concernant les dons?

6. Évaluez ce slogan : « La Bible l’enseigne. J’y crois. La dîme. » 7. Selon Jésus, comment pouvons-nous nous amasser des trésors au ciel (Mt 6:19-21)? Voir aussi 1 Tm 6:18-19.

8. Que nous dit 2 Corinthiens 9:6-7 sur le montant que nous devrions donner?

9. Selon ce que vous donnez régulièrement, quel trésor avez-vous amassé au ciel?