LES MINISTÈRES DE LA PRÉDICATION ET DE L’ENSEIGNEMENT
PREMIÈRE PARTIE
Quel était le rôle de la prédication et de l’enseignement au temps de l’église du premier siècle? Le peuple de Dieu a besoin d’unenseignement approfondi de la Parole de Dieu. Actes 2:42 révèle que les premiers chrétiens persévéraient dans l’enseignement des apôtres.L’enseignement est aussi l’un des dons de l’Esprit mentionnés dans 1 Corinthiens 12. Paul a recommandé que si un homme possède le dond’enseigner, qu’il « s’applique à l’enseignement » (Rm 12:7). Les anciens qui travaillent à l’enseignement et à prédication doivent être soutenus financièrement par l’église (1 Tm 5:17).
1 Corinthiens 14 présente un modèle à suivre détaillé de réuniond’église ordinaire. Un point important à retenir de 1 Corinthiens 14 estqu’une seule personne ne doit pas dominer la réunion, peu importe sondon spirituel. Chaque frère doit avoir la possibilité de participer à la réunion. Il est clair que l’enseignement fait parties des activités de la réunion, mais dans le texte, il est mentionné comme une simple activité parmi d’autres (14:26). De toute évidence, les premières réunions d’église n’étaient pas essentiellement axées sur l’étude biblique. Dans ce contexte, si un enseignant doté de ce don l’exerçait chaque semaine de manière approfondie, cela empêchait nécessairement l’exercice des autres dons. Une part égale doit être accordée à une variété de contributions : les chants, les témoignages, la prière, la prophétie, les langues, les enseignements, etc. Ainsi, un enseignement se doit d’être plutôt court que long, afin de permettre aux autres dons d’être exercés librement. Si la réunion décrite dans 1 Corinthiens 14 ne laisse pas place aux personnes ayant des dons surnaturels d’enseignement de présenter des enseignements très complets, quand en est-il temps?
La réponse est simple. De longs et intenses enseignements doivent se faire lors de réunions spécialement dédiées à un ministère et non lors de la réunion ordinaire du Jour du Seigneur. Les réunions hebdomadaires de l’église locale doivent être axées sur le Repas du Seigneur et suivi d’un temps de partage participatif et ordonné (1 Co 11:17-22; 14:23). Ceci dans le but que tout serve à l’édification (1 Co 14:26). De telles réunions doivent être plutôt petites (des dizaines de personnes) plutôt que grandes (des centaines ou des milliers de personnes) et ne pas être sous la domination d’une seule personne.
Par opposition aux réunions de l’église, les réunions de ministère sont généralement axées sur les dons d’une seule ou de quelques personnes et peuvent être de grands rassemblements selon l’espace disponible. Si cinq milles croyants veulent s’assembler pour entendre quelqu’un expliquer les Écritures, c’est fantastique! Cependant, il faut s’assurer que personne ne pense qu’un tel rassemblement est une réunion d’église. C’est simplement une réunion de ministère.
Par exemple, Paul a enseigné tous les jours pendant deux ans à l’école de Tyrannus, de telle sorte que tous ceux qui demeuraient en Asie entendirent la parole du Seigneur (Ac 19:9-10). Quand il était à Rome, Paul a demeuré deux ans dans un logement privé en prêchant le royaume de Dieu et enseignant les choses qui regardent le Seigneur Jésus-Christ, avec toute liberté et sans aucune empêchement (Ac 28:30- 31). Ces réunions de ministère ne remplaçaient pas la réunion régulière de l’église locale mais elles s’ajoutaient à elles. Un autre exemple d’une grande réunion de ministère est le ministère de guérison public des apôtres au portique de Salomon (Ac 5:12-16,42). De grandes foules s’assemblaient pour entendre l’Évangile et ils amenaient leurs malades afin qu’ils soient guéris. Néanmoins, ces services de prédications et de guérisons quotidiens n’ont pas supplanté les plus petites réunions d’église maison régulières.
Il y a plusieurs exemples modernes de réunions de ministère. Bill Gothard a voyagé pour présenter son école, l’Institute in Basic Youth Conflicts, dans toutes les grandes villes d’Amérique. Des milliers de personnes se sont déplacées pour l’entendre, remplissant à pleine capacité les centres communautaires de chaque localité. Des chrétiens de diverses confessions chrétiennes s’y rendaient. Cependant ce n’était pas l’église; c’était un temps d’enseignement qui avait pour but d’outiller l’église en général. Comme autre exemple, prenons Billy Graham qui arrivait dans une ville, louait un stade et y tenait une croisade d’évangélisation. Des croyants de diverses églises participaient à sa croisade. Toutefois, la croisade n’était pas une réunion d’église; c’était de l’évangélisation. Ceux qui crurent en Christ lors d’une croisade ont été redirigés vers les églises locales. Le ministère musical de Bill et Gloria Gather peut être un troisième exemple. Le peuple de Dieu est venu en masse à leurs concerts afin de louer le Seigneur de tout leur coeur. Le peuple de Dieu retournait ensuite dans ses églises locales encouragés et remplis de louange. Les images d’adoration décrites dans Apocalypse 19:1-10 me viennent à l’esprit. Il est bon d’être béni par de tels rassemblements.
Toutes les réunions de ministère devraient servir à fortifier l’église locale et non la supplanter. Les vraies églises ont le droit d’exercer la discipline de l’église, d’avoir leurs propres anciens et de célébrer le Repas du Seigneur. Rien de cela n’est vrai concernant les réunions de ministère bibliques. L’une des grandes erreurs du christianisme moderne est de confondre les grandes réunions de ministère avec les vraies réunions de l’église. En effet, ce qui est réellement l’église a été entièrement remplacé par des réunions de ministère. Après avoir visité l’église occidentale, le chrétien chinois Watchman Nee a observé que la plupart des chrétiens occidentaux n’ont jamais réellement assisté à une réunion d’église – ils ont seulement expérimenté les réunions de ministère!
La façon occidentale de tenir un service d’église ressemble beaucoup à une réunion de ministère du Nouveau Testament. Elle est dominée par une personne dotée d’un don et un grand nombre de personnes y participent afin de bénéficier de ce don. Ces réunions de ministère peuvent s’articuler autour de l’enseignement biblique, l’évangélisation, la louange, la guérison, l’encouragement, etc. De telles réunions sont très utiles et ont leur place. Toutefois, ces réunions sont au bout du compte secondaires et optionnelles. Le principal et l’indispensable, ce sont les réunions d’église. Les réunions d’église locales doivent être petites et participatives. Elles ne doivent pas être axées sur le don d’une seule personne. Le Repas du Seigneur doit y tenir une place centrale.
DEUXIÈME PARTIE
Bien que l’on parle beaucoup de groupes de maison, il est aussi important de prendre conscience de ce que les Écritures décrivent comme une attitude et une congrégation beaucoup plus grande : être membre de l’église universelle. Il est malsain pour des croyants d’exister exclusivement dans le cadre d’une seule église-maison isolée. Chaque église-maison est, à proprement parler, une partie d’une église plus grande, celle de la ville, peu importe dans quelle ville elle est située. Bien qu’ils puissent ne jamais se rencontrer ensemble dans un même endroit et bien qu’il ne soit pas nécessaire qu’une autorité ecclésiastique extérieure en ait la charge, toutes les congrégations d’une même région constituent le corps de Christ. Nous devons entretenir une attitude d’unité, d’acceptation, d’amour, d’intérêt et de coopération avec tous les autres croyants de notre ville.
Qu’est-ce que l’église universelle a à voir avec la prédication et l’enseignement? Simplement ceci : concernant l’enseignement et l’interprétation de la Bible, nous ne devons pas négliger le reste de l’église dans son ensemble. La Bible est notre autorité finale, mais elle n’est pas notre seule autorité. Le Saint-Esprit a activement guidé et oeuvré parmi le peuple de Dieu depuis 2 000 ans. Quand l’église historique a étudié une question et est parvenue à un consensus à ce sujet, cela fait aussi autorité pour nous. Avons-nous réellement le droit de remettre en question la théologie établie par l’église au fil du temps? Comme un historien de l’église l’a dit « On dit que les Actes des apôtres peuvent être mieux décrites comme les “Actes du Saint-Esprit”. Mais c’est l’histoire entière de l’église qui devrait être intitulée de cette façon et considérée de cette façon. N’importe quel mouvement chrétien qui néglige cette histoire perd ce lien de solidarité avec l’église de Christ de tous les âges. Le slogan “Retour au Nouveau Testament” est représentatif en partie seulement de la vérité. “De l’avant avec l’Esprit” est l’autre partie de cette vérité; ensemble, ils forment l’autorité des Réformateurs – qui en était toujours une de “Parole et Esprit”. C’est le même Esprit qui a inspiré la Bible qui habite l’église, formant les traditions et rappelant à chaque époque l’autorité de la Parole donnée une fois pour toute. »1
Qui a l’autorité de décider de l’interprétation correcte de la Bible? Une seule église (Rome par exemple), un seul croyant ou bien l’église universelle dans son ensemble? À un extrême, les catholiques romains affirment qu’en tant qu’individu vous n’êtes pas supposé interpréter votre Bible mais plutôt accepter l’interprétation que Rome en fait. Cependant, à l’extrême opposé, plusieurs évangéliques ont remplacé Rome avec un nouveau Pape, c’est-à-dire chaque croyant individuel. «Moi et ma Bible.» Est-ce si différent?
Les auteurs de ce livre défendent l’orthodoxie chrétienne et historique (le vin), mais sous la forme d’église (l’outre) que les apôtres nous ont léguée dans le Nouveau Testament. Nous croyons que les enseignements d’origine des apôtres ont été préservés par les doctrines essentielles de la foi chrétienne historique. Jésus a dit qu’il était bon pour nous qu’Il parte afin d’envoyer le Saint-Esprit qui vit en nous et qui nous guide. Nous croyons que l’Esprit a la capacité d’enseigner et de diriger le peuple de Dieu et nous en concluons que l’église historique a bel et bien préservé l’essentiel de la théologie, car elle a été enseignée par l’Esprit. Lorsque certaines doctrines de base reçoivent aujourd’hui l’approbation de chrétiens de différents milieux, ainsi que l’approbation de pratiquement tous ceux qui nous ont précédés dans la foi, cela devrait retenir notre attention. Cela fait foi d’autorité. Certaines de ces bases sont : les soixante-et-six livres de la Bible contiennent dans son entièreté finale la révélation de Dieu écrite pour nous, la doctrine de la Trinité, la divinité de Christ, la nature propitiatoire de l’oeuvre de Christ à la croix, la justification par la grâce par le moyen de la foi pour les bonnes oeuvres, le retour futur de Christ sur terre sous la forme d’un homme, la résurrection future de la chair et des morts et le jugement à venir.
La doctrine protestante d’origine sola scriptura affirme entre autres que bien que la Bible soit notre autorité finale, elle n’est pas la seule autorité. L’église dans son tout est aussi une autorité (bien que secondaire). Comme Paul l’a écrit à Timothée, l’église est « la colonne et la base de la vérité » (1 Tm 3:15). Lorsque l’église entière parvient aux mêmes conclusions concernant la théologie, cela fait autorité. Des enseignements contraires à la doctrine universellement approuvée par l’église dans son ensemble ne doivent pas être retenus.
L’église historique nous a légué plusieurs crédos et confessions. Le mot crédo est de racine latine et signifie simplement « Je crois. » Saviez-vous qu’il y a un crédo fait par l’église et postérieur au Nouveau Testament imprimé dans votre Bible? Il s’appelle la «Table des matières». Ce n’est que longtemps après l’ère apostolique que les livres de la Bible ont été rassemblés et approuvés. Comment pouvons-nous avoir confiance que l’église historique nous donne la bonne compilation de livres qui doit être dans nos Bibles mais cependant ne pas avoir confiance qu’elle nous donne aussi la bonne théologie sur ce que cette même Bible enseigne? La plupart des gens qui ont une réticence à accepter les crédos de base de l’église sont ceux qui adhèrent à une théologie aberrante qui rejettent un ou plusieurs des éléments essentiels susmentionnés.
Puisqu’ils ne sont pas inspirés, on doit reconnaître que les crédos et confessions des différentes églises sont sujets à l’erreur. C’est évident du fait qu’ils diffèrent les uns des autres en certains points. Cependant, nous devrions être attentifs lorsque les crédos et les confessions s’accordent sans contraintes sur divers sujets. Il serait naïf, et même arrogant, de penser qu’une nouvelle vérité a été découverte et que 99 % des gens qui ont étudié la Bible ne l’ont pas vue. Nous devons garder une humilité historique ainsi qu’un esprit de soumission mutuelle envers l’église en général et l’église du passé. Que les pasteurs, enseignants, laïcs, historiens, catéchistes et théologiens parviennent tous à la même conclusion à l’égard d’un concept de base de théologie est très révélateur. Bien que la forme de l’église est au-delà de la portée des crédos, il est important de souligner que des spécialistes de chaque dénomination s’entendent généralement au sujet des pratiques de l’Église du premier siècle, comme les églises-maison, les réunions interactives, le Repas du Seigneur comme un repas de communion, une direction sans hiérarchie, le soutien d’anciens compétents, les évangélistes itinérants et des implanteurs d’église.
Si vous rejetez les interprétations de l’église dans son ensemble, il ne vous reste que le subjectivisme individualiste. Keith Mathison, dansThe Shape of Sola Scriptura (La forme de Sola Scriptura) a correctement fait remarquer que le mouvement évangélique américain moderne a redéfini sola scriptura comme étant du rationalisme illuminé ou de l’individualisme démocratique à l’état pur. Cette réinterprétation moderne rend autonome la raison et le jugement de chaque croyant individuel. Ça donne comme résultat le relativisme, le subjectivisme et le chaos théologique que l’on voit dans le mouvement évangélique moderne d’aujourd’hui. Mathison fait aussi remarquer que chacun de nous aborde les Écritures avec différents présupposés, des taches aveugles, des faits importants ignorés et, plus important encore, une nature pécheresse. Puisque nous ne sommes pas en terrain neutre, chacun de nous lit les Écritures en y voyant des choses qui n’y sont pas et en manquant des choses qui y sont. La raison et la conscience deviennent alors les interprètes finaux. La vérité objective et universelle des Écritures devient pratiquement sans conséquence, car plutôt que l’Église annonce d’une même voix ce que la Bible enseigne, chaque individu interprète les Écritures comme il lui est bon à ses yeux. Le monde païen entend ainsi une cacophonie de voix contradictoires plutôt que la Parole du Dieu vivant. En bout de ligne, chaque individu a la responsabilité d’établir son propre crédo.2
Des doctrines passagères (théories ou pensées théologiques) continueront à proliférer comme la mauvaise herbe dans un jardin. Il y aura toujours des vents de doctrines diaboliques qui balloteront de tous côtés les plus faibles. Ces problèmes doivent être remis en perspective. Qu’aimeriez-vous mieux jeter par la fenêtre? Un roman théologique récent issu des convictions d’un petit groupe de gens ou bien les convictions théologiques de l’église universelle chrétienne de tous les temps? Un choix doit être fait entre la foi vécue et éprouvée de l’ensemble du peuple de Dieu, en tant que corps, ou le jugement personnel de quelques contradicteurs. Les fausses doctrines pourraient être définies de manière très large comme étant tout ce qui ne concorde pas avec la foi historique orthodoxe qui a été préservée par un consensus générale de l’Église chrétienne pendant les deux derniers millénaires.
L’église dans son ensemble s’est clairement prononcée sur l’interprétation correcte des doctrines fondamentales de la foi chrétienne. De les rejeter est de rejeter les enseignements de la Bible. Ceux qui n’adhèrent pas à une orthodoxie solide n’ont pas la permission d’enseigneur leur fausse doctrine (1 Tm 1:3) et ne doivent pas être reconnus comme apôtres, anciens, enseignants ou diacres (1 Tm 3:9, Tite 1:9). Les églises individuelles ne sont pas comme des barques sur un lac tranquille. Nous allons plutôt vivre des tempêtes en haute mer. Les difficultés viendront. De faux enseignements vont nous secouer. On ne se demande pas si cela arrivera, mais quand ça arrivera. Lorsqu’ils s’opposent à de la théologie hérétique, les anciens et les enseignants doivent dire, comme les capitaines de vaisseaux de guerre « Repoussez les attaquants! ». Nous devons reprendre avec douceur les adversaires, « attendant que Dieu leur donne la repentance, et leur fasse connaître la vérité, et qu’ils sortent de l’ivresse des pièges du diable, qui les tient captifs et soumis à sa volonté. » (2 Tm 2:25-26).
– Steve Atkerson
NOTES
1 Tom Dowley, ed. Eerdman’s Handbook to the History of The Christianity (Grand Rapids, MI: Wm. B. Eerdman’s Publishing Co., 1977), 16.
2 Keith Mathison, The Shape of Sola Scriptura (Moscow, ID: Canon Press, 2001).
QUESTIONS À DISCUTER
1. Quels ont été les rôles respectifs de la prédication et de l’enseignement dans l’église du premier siècle?
2. Si les réunions selon 1 Corinthiens 14 ne sont pas le moment propice pour les enseignants dotés d’un don surnaturel de donner des enseignements approfondis, quand en est-il le temps? Expliquez.
3. Quelle est la différence entre une réunion d’église et une réunion de ministère?
4. Pourquoi est-ce si important d’avoir la possibilité de poser une question au sujet de l’enseignement? Quand n’est-il pas approprié de poser une question lors d’un enseignement?
5. Selon la Bible, quelle est la différence entre la prédication et l’enseignement?
6. De quelle façon le consensus intervient-il pour décider de l’interprétation correcte de la Bible?
7. Un historien a écrit que « Retour au Nouveau Testament! » est représentatif en partie seulement de la vérité. « De l’avant avec l’Esprit » est l’autre partie de cette vérité. Que voulait-il dire par cela?
8. Qui a l’autorité de décider de l’interprétation correcte de la Bible? Une seule église (Rome par exemple), un seul croyant (que ce soit vous ou le Pape) ou bien l’église universelle dans son ensemble? Expliquez.
9. Quel est le rôle des premières confessions dans notre système de croyances?
10. Qu’aimeriez-vous mieux jeter par la fenêtre? Un roman théologique récent issu des convictions d’un petit groupe de gens ou bien les convictions théologiques de l’église universelle chrétienne de tous les temps? Pourquoi?
11. Que pouvons-nous faire pour nous assurer que notre église préserve l’orthodoxie chrétienne historique?
12. Si vous êtes dans une église-maison qui n’a pas d’enseignants compétents, que pouvez-vous faire afin de transmettre à votre famille un enseignement de qualité?