Consensus d’assemblée

Steve Atkerson

À votre avis, pourquoi Jésus a-t-il choisi le mot église pour décrire ses disciples? « Église » est la traduction française du terme grec original ekklesia. En dehors du contexte du Nouveau Testament, ekklesia était un mot séculier qui portait de très fortes connotations politiques. Jésus aurait pu utiliser d’autres mots grecs pour décrire ses disciples et leurs rassemblements, des mots aux connotations religieuses et non politiques. Comme nous le verrons, une des raisons pour laquelle il a choisi le mot ekklesia pour décrire ses disciples est qu’Il voulait qu’ils prennent ensemble les décisions qui les concernaient en tant que groupe. Comment Jésus désirait-il que l’église soit gouvernée? D’abord, regardons attentivement comment la vraie signification du mot moderne « église » a été perdue.

L’ÉGLISE MODERNE ET L’ANCIENNE EKKLESIA
Le dictionnaire anglais Webster’s New Collegiate Dictionary soutient que le mot anglais pour église peut être employé pour faire référence à la réunion du peuple de Dieu ou bien au bâtiment spécial où ils se réunissent.1 Par opposition, le mot grec ekklesia ne désigne jamais un bâtiment ou un lieu de culte mais il peut faire référence à bien plus que seulement une réunion, une assemblée ou un rassemblement. Notre compréhension de l’église de Dieu sera grandement diminuée si on néglige de tenir compte des implications du mot grec d’origine employé par Jésus. La séparation de l’État et de l’église est si importante aujourd’hui que les gens ne pensent pas à associer église et gouvernement. Pourtant, c’est bel et bien la signification d’origine d’ekklesia.

Au temps de Jésus, le mot ekklesia était utilisé presque exclusivement pour désigner une assemblée politique convoquée régulièrement dans le but de prendre des décisions. Selon le lexique de Thayer, c’était une « assemblée de gens convoqués à la place publique du conseil dans le but de délibérer »2. Le lexique de Bauer définit ekklesia comme une « assemblée d’un groupe politique convoquée régulièrement »3. Le Dr. Lothan Coenen, dans un écrit pour le The New International Dictionary of New Testament Theology (Le nouveau dictionnaire international de théologie du Nouveau Testament), a souligné que le mot ekklesia était « clairement caractérisé comme un phénomène politique, répété selon certaines règles et s’inscrivant à l’intérieur d’un certain cadre. C’était une assemblée de citoyens en règle, très bien ancrés dans la constitution d’une démocratie, une assemblée qui prenait des décisions politiques et judiciaires fondamentales […] le mot ekklesia, dans les régions grecques ou hellénistes, a toujours fait référence à l’assemblée de la cité. » Dans l’ekklesia séculière, chaque citoyen avait « le droit de parler et de proposer des sujets de discussion. »4 (Il n’était pas permis du tout aux femmes de parler dans les ekklesia grecques séculières.)5

Cet emploi séculier est aussi illustré dans la Bible dans Actes 19:23-41. Les occurrences du mot ekklesia dans Actes 19 (traduit par « assemblée », « assemblée légale » et « assemblée » dans 19:32, 39, 41) désignent la réunion des artisans qui avaient été appelés par Démétrius dans le théâtre pour décider ce qu’ils allaient faire de Paul, bien qu’il y avait tant de confusion que la majorité ignorait pourquoi ils avaient été convoqués. C’est un exemple où ekklesia désigne un groupe politique convoqué régulièrement (dans ce cas, des orfèvres et ceux reliés à ce métier). Ils s’assemblèrent (comme une sorte de syndicat) afin de décider comment remédier à la réputation entachée de leur profession et à la diminution de leurs chiffres d’affaires. Finalement, quand ils dépassèrent les limites de leur juridiction en voulant s’occuper du cas de Paul, le secrétaire de la ville suggéra que le grief soit réglé par l’ekklesia légale (plutôt que par l’ekklesia du syndicat, Ac 19:37-39).

L’EMPLOI DU MOT EKKLESIA PAR JÉSUS
À la lumière de ceci, pourquoi Jésus (dans Mt 16:13-20; 18:15-20) a-t-il choisi un mot politique aussi chargé de sens qu’ekklesia pour décrire Son peuple et ses réunions? Jésus désirait peut-être que Son peuple, les chrétiens, fonctionne entre eux de manière semblable au gouvernement politique. Jésus a voulu que les croyants suggèrent des sujets de discussion, décident des choses ensemble, prennent des décisions conjointement et procèdent par consensus. Si Jésus avait simplement voulu décrire une assemblée sans aucune connotation politique, il aurait employé les mots sunagoge, thiasos ou eranos. Cependant, il avait une raison de choisir ekklesia

Le peuple de Dieu a le mandat de prendre des décisions. Fondamentalement, l’église est le corps des citoyens du Royaume qui sont autorisés à (et qui ont le devoir de) juger des problèmes, prendre des décisions et rendre des jugements. Bien qu’on ne prenne pas de décision lors de la plupart des réunions d’église (il n’y a habituellement pas de problème à régler), il est important de comprendre que l’église en tant que corps a l’autorité et l’obligation de prendre des décisions. Les églises dont l’assemblée n’est axée que sur les louanges et l’enseignement sans jamais se préoccuper de résoudre collectivement les questions et les problèmes manquent peut-être en partie à leur devoir en tant qu’ekklesia.

Le peuple de Dieu prend des décisions en tant que corps à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament. On voit dans Matthieu 16:13-20 que Jésus s’attendait à ce que l’ekklesia prenne des décisions. Après avoir promis de bâtir Son ekklesia sur la pierre de la confession de la révélation accordée à Pierre, Jésus parle immédiatement des clés du royaume des cieux et du pouvoir de lier et délier. Les clés représentent le pouvoir d’ouvrir et de fermer quelque chose, le royaume est un terme politique, et lier et délier implique l’autorité de prendre des décisions. Ainsi, dans Matthieu 18:15-20, Jésus a dit que l’ekklesia (18:17) a le devoir de rendre une sentence concernant le prétendu péché d’un frère et, encore une fois, l’autorité de lier et délier est attribuée à l’ekklesia.

Dans Actes 1:15-26, Pierre a chargé toute l’église de Jérusalem de remplacer Judas. Plus tard, les apôtres se sont adressés à l’église entière afin qu’elle choisisse des hommes chargés de gérer l’aide aux démunis (Ac 6:1-6). Actes 14:23 laisse entrevoir que certaines églises choisirent leurs propres anciens. Lors de la controverse portant sur la circoncision, l’église d’Antioche a décidé d’envoyer des représentants à Jérusalem pour l’arbitrage, et alors toute l’église de Jérusalem s’est penchée sur la résolution de ce conflit (Ac 15:4, 12, 22). Finalement, dans 1 Corinthiens 14:29-30, il est clair que les révélations prophétiques devaient être jugées quand « l’ekklesia entière se rassemble » (14:23).

Il est important de souligner que lorsque l’église prend des décisions, cela devrait être fait de manière judiciaire plutôt que législative. Le rôle de l’église n’est pas de faire des lois – seul Dieu peut bien faire cela. En cela, l’ekklesia du peuple de Dieu diffère de l’ekklesia des anciennes cités-états grecques par rapport à sa fonction. Notre responsabilité en tant que croyant dans l’ekklesia de Christ est d’appliquer correctement et de faire respecter la loi de Christ telle qu’elle est sous la Nouvelle Alliance. Les membres de l’église doivent être comme des citoyens-magistrats qui se réunissent afin de délibérer et prendre des décisions ou bien de rendre des jugements (au besoin). Cette forme de gouvernement fonctionne assez bien dans une église-maison où les gens s’aiment assez pour surmonter leurs désaccords. Il est pratiquement impossible de fonctionner de cette façon dans le contexte plus large de l’église institutionnelle.

L’APPLICATION
La prise de décision n’est pas implicite chaque fois que le mot ekklesia est mentionné dans le Nouveau Testament. En fait, le mot ekklesia est employé de six manières différentes dans le Nouveau Testament. Néanmoins, son emploi le plus fréquent demeure celui où il désigne un groupe de gens qui s’assemble dans le but de prendre des décisions. Dans ce sens, l’ekklesia n’implique pas seulement le rassemblement du peuple de Dieu. C’est aussi ce qui s’y fait lorsque le peuple de Dieu se réunit. Le Seigneur autorise l’église à prendre des décisions afin qu’elle applique fidèlement les Écritures. Elle se doit d’appliquer la loi de Christ (dans la famille de Dieu) et de régler les questions qui peuvent être soulevées. C’est en partie ce qui se fait dans les réunions libres et participatives. Les problèmes ne doivent pas être relégués au placard. Les questions concernant la bonne conduite doivent être résolues. Il n’y aura pas de problème à régler chaque semaine (et même la plupart du temps), mais le peuple de Dieu doit garder à l’esprit son devoir d’agir à titre d’ekklesia au besoin.

Dans son organisation humaine, l’église n’est pas censée fonctionner comme une pyramide où un homme ou une poignée de gens détiennent le pouvoir au sommet. Les décisions ne doivent pas être prises derrière des portes closes et ensuite imposées à l’église par la direction. L’église ressemble plutôt à un sénat ou un congrès qui délibère diverses questions et prend les décisions appropriées en tant qu’assemblée. Les responsables de l’église doivent faciliter ce processus et servir l’église en lui fournissant l’enseignement et les conseils, et non pas en étant les seigneurs de l’église.

Il y a des limites à ce que l’église locale, en tant que corps habilité à prendre des décisions, devrait décider. Certains sujets dépassent les bornes, se situent au-delà des limites ou bien sont des erreurs de catégorie. Par exemple, aucune église locale n’a le droit de redéfinir la foi chrétienne historique. Certaines choses ne peuvent simplement pas être débattues. Chaque ekklesia doit demeurer à l’intérieur des limites de l’orthodoxie. Les anciens doivent empêcher la considération d’idées dangereuses et hérétiques (1 Tm 1:3). C’est parce que l’église d’aujourd’hui dans son ensemble et celle du passé ont déjà fait consensus au sujet d’interprétations fondamentales des Écritures (comme quels sont les livres de la Bible, la résurrection corporelle de Jésus, le message de l’Évangile, la Trinité, le retour physique de Jésus, etc.) Le Saint-Esprit n’a pas failli à sa tâche de guider les élus dans toute la vérité (Jn 16:13).

CONSENSUS OU LOI DE LA MAJORITÉ?
Ce que nous défendons principalement est que l’assemblée se gouverne elle-même. Puisque l’ekklesia doit délibérer en tant qu’assemblée des problèmes qui surviennent, que faut-il faire lorsqu’il y a un désaccord et que les membres ne s’entendent pas sur la question? Les décisions sont-elles prises par consensus ou selon la loi de la majorité? Considérons d’abord ce que ces deux options impliquent.

Le mot « consensus » signifie un accord mutuel, une tendance représentative ou une opinion. C’est un mot de même famille que « consentement » ou « consensuel ». À l’opposé, la loi de la majorité peut favoriser ce que 51 % des gens veulent contre les autres 49 % qui s’y opposent; cela va nécessairement à l’encontre de l’unité. Cependant, le consensus cherche à créer l’unité. La volonté de Dieu est-elle que Son église prenne des décisions par consensus ou par la loi de la majorité? Prenez connaissance de ces textes bibliques afin que vous et moi parvenions à un consensus à ce sujet :

« Voici, oh! qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères demeurent unis ensemble! » (Ps 133:1).

« Or, je vous prie, frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de tenir tous le même langage, et de n’avoir point de divisions parmi vous, mais d’être unis dans une même pensée, et dans un même sentiment. » (1 Co 1:10).

« Ainsi, vous êtes […] la maison de Dieu; étant édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, dont Jésus-Christ est la pierre angulaire, en qui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint au Seigneur, en qui aussi vous êtes édifiés ensemble, pour être la maison de Dieu par l’Esprit. » (Ep 2:19-22).

« Vous appliquant à conserver l’unité de l’esprit, par le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous êtes appelés à une seule espérance, par votre vocation. Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et par tous, et en vous tous. » (Ep 4:3-6).

« S’il y a donc quelque consolation en Christ, s’il y a quelque soulagement dans la charité, s’il y a quelque communion d’esprit, s’il y a quelque compassion et miséricorde, rendez ma joie parfaite, étant en bonne intelligence, ayant une même charité, une même âme, un même sentiment » (Ph 2:1-2).

« Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience; vous supportant les uns les autres, et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a quelque sujet de plainte contre l’autre. Comme Christ vous a pardonné, vous aussi, faites de même. Mais par-dessus toutes choses revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection. » (Col 3:12-15).

La plupart du temps, le processus pour parvenir à créer un consensus ne se fera pas à l’occasion de la réunion d’église. Cela se fera plutôt lors de la communion du Repas du Seigneur, des visites en semaine, d’un dîner, durant les conversations habituelles au téléphone, par courriel, etc. Bien sûr, parfois certains frères, et surtout les responsables, peuvent apporter des enseignements pertinents au sujet du problème en cause. Cependant, la plus grande partie de la délibération se fera un à un, de frère à frère. Cela prend du temps, de la patience, de l’humilité et de la douceur pour que les membres de l’église parviennent à un accord.

LA PROVIDENCE DE DIEU
Il est important de se rappeler que le processus entrepris par l’église pour parvenir à un consensus est tout aussi important qu’un consensus atteint. Le gouvernement par consensus prend du temps, de l’engagement, de l’édification mutuelle et beaucoup d’amour fraternel. Cela peut vraiment fonctionner dans une petite église-maison. Nous devons nous aimer les uns les autres assez pour nous supporter les uns les autres! Le concept derrière l’idée de consensus peut être appelé gouvernement par l’unité, la cohésion, l’harmonie ou l’accord mutuel. Avons-nous réellement confiance en l’œuvre de l’Esprit Saint dans nos vies et nos églises?

De peur qu’un gouvernement par consensus semble trop utopique, considérez ce que le Seigneur a fait afin que Son peuple parvienne à l’unité. Premièrement, notre Seigneur Lui-même a prié pour Son église : « qu’ils soient un, comme nous. […] Afin que tous soient un, comme toi, ô Père, tu es en moi, et moi en toi […] afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé, et que tu les aimes, comme tu m’as aimé. » (Jn 17:11, 21-23). Puisque Jésus a prié cela pour nous, l’unité peut certainement être atteinte.

Dieu a pourvu à un autre moyen d’atteindre l’unité par le Repas du Seigneur. Selon 1 Corinthiens 10:17, « Comme il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, ne sommes qu’un seul corps; car nous participons tous au même pain. » Évidemment, de prendre part dignement au pain pendant le Repas du Seigneur illustre non seulement l’unité, mais cela la crée!

Finalement, comme on l’a déjà mentionné, Christ a donné divers ministères et dons pour diriger à l’église (comme les apôtres, les prophètes, les évangélistes et les pasteurs-enseignants) dans un but : « Jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » (Ep 4:11-13). Une des raisons pour laquelle Christ donne ces responsables à son église est afin qu’elle parvienne au consensus.

QU’EN EST-IL DES ANCIENS?
Quelle est la place des anciens dans un gouvernement d’église par consensus? Les anciens sont essentiels au maintien à long terme de l’église. Les anciens guident, sont des modèles, persuadent, enseignent, nourrissent, conseillent, protègent, mettent en garde, reprennent et corrigent.

L’église dans son ensemble peut être comparée à un sénat ayant l’autorité de prendre des décisions et de rendre des jugements qui lient ses membres. Un ancien de l’église est un autre sénateur, mais qui prend part à un comité spécial du sénat dont le but est d’étudier les problèmes, faire des recommandations, enseigner, informer ou inciter. Normalement, l’ancien n’a pas à prendre de décisions au nom de l’église. Il ne devance habituellement pas le processus de consensus. Tous les anciens sont des sénateurs-serviteurs de tout le sénat (l’église). Cependant, le sénat se trouvera parfois dans une impasse, incapable de résoudre un problème. Dans de tels cas, rares, les anciens font office d’arbitres prédéterminés ou ils prennent la décision finale. Dans ces conditions inhabituelles, les opposants doivent « se soumettre » au jugement de l’ancien et à sa sagesse (He 13:17).

Dans Hébreux 13:17, les croyants sont exhortés à « obéir » aux responsables de l’église. Comment expliquer cela quand l’assemblée se gouverne elle-même? Le mot commun utilisé pour obéir est celui employé dans le cas des enfants qui obéissent à leurs parents et des esclaves à leurs maîtres (Ep 6:1,5). Il y a une raison pour laquelle le mot grec pour obéir dans Hébreux 13:17 n’est pas le mot habituel. On emploie plutôt peitho, défini dans le lexique de Bauer comme étant littéralement persuader ou convaincre.6 (D’autres emplois de peitho se trouvent dans Luc 16:31, Actes 17:4, 21:14.) La Bible interlinéaire littérale de Paul McReynolds traduit peitho dans Hébreux 13:17 par l’équivalent anglais de « persuader ». Employé dans Hébreux 13:17 sous la forme passive, il rend cette idée : « laissez-vous persuader par » vos responsables. Évidemment, lorsque quelqu’un est persuadé de quelque chose, il agit en conséquence, ou il « obéit » (Rm 2:8, Ga 5:7, Jc 3:3). Le commentateur Vine fait remarquer que peitho signifie « persuader, gagner à, écouter, obéir. L’obéissance suggérée n’est pas la soumission à l’autorité mais la conséquence d’une persuasion. »7 On observe donc qu’une obéissance aveugle n’est pas ce que propose Hébreux 13:17.

Ce même verset enseigne aussi aux croyants à se « soumettre » aux responsables de l’église. Comme dans le cas d’« obéir », le mot grec commun utilisé pour « soumettre » n’est pas employé. L’auteur choisit plutôt hupeiko, un mot qui veut aussi dire abandonner, se rendre, mais après une bataille. C’était employé au sujet des combattants. On peut comprendre le sens de hupeiko dans une lettre d’un général sudiste, Robert E. Lee, adressée à ses troupes au sujet de la reddition à Appomadox : « Après quatre ans de service intensif marqué d’un courage et d’une force d’âme inégalables, l’armée de la Virginie du Nord a été contrainte à se rendre face au nombre et aux ressources insurmontables de l’adversaire. » La nuance de hupeiko n’est pas de l’ordre de qui se soumet automatiquement (comme la soumission au gouvernement civil). C’est plutôt une soumission après qu’un processus, un conflit ou même une bataille ait eu lieu. Il y a soumission, mais une discussion sérieuse et un dialogue ont eu lieu avant qu’un parti abandonne.

Ainsi, le troupeau de Dieu doit être ouvert à ce que ses bergers les persuadent (peitho). Dans les discussions et les enseignements, le troupeau doit être ouvert à ce que les responsables les convainquent (peitho). Une obéissance aveugle d’esclave n’est pas la relation entre les anciens et l’église que le Nouveau Testament présente. Cependant, il y aura des moments ou quelqu’un, ou quelques-uns parmi le troupeau ne pourront être persuadés de quelque chose. Ce sera l’impasse. Lorsqu’il faut faire cesser cette impasse, les contestataires doivent abandonner, ou se rendre (hupeiko) à la sagesse des responsables de l’église.

Pour faire une synthèse, les églises doivent plutôt être conduites par les anciens et non dominées par les anciens. Selon le modèle du Nouveau Testament, l’assemblée se gouverne elle-même. Les moments où l’église doit être temporairement dominée par les anciens surviennent lorsqu’une ou plusieurs personnes de l’église sont entêtées, déraisonnables, obstinées, diviseurs, esclaves du péché ou séduites par de fausses doctrines (He 13:17). Cependant, même cette soumission doit être précédée de dialogues, de discussions et de débats.

CONCLUSION
Ce que nous avons défendu peut être comparé à un gouvernement parlementaire monarchique. Jésus le Roi est notre Monarque. L’église est Son Parlement qui fonctionne sur une base consensuelle. Chaque membre de l’église est un membre du Parlement (dans la Chambre des Communes). Les anciens sont aussi membres du Parlement mais ils servent de whip du parti aux aguets. (Rappelez-vous, bien sûr, que l’analogie n’est plus valide si on la pousse trop loin!) L’idée, c’est que l’administration politique de l’église se fait par un consensus d’assemblée sous la conduite des anciens.

— Steve Atkerson
01/010/08

NOTES
1 Henry Woolf, ed., Webster’s New Collegiate Dictionary (Springfield, MA: Merriman, 1973), 200.
2 Joseph Thayer, Greek-English Lexicon of the New Testament (Grand Rapids, MI: Baker, 1977), 196.
3 Baurer, Arndt, Gingrich, Danker, A Greek-English Lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature (Chicago, IL: University of Chicago Press, 1979), 240.
4 Lothan Coenen, “Church,” The New International Dictionary of New Testament Theology, Vol. 1, Colin Brown, General Editor (Grand Rapids, MI: Zondervan, 1971), 291.
5 Wayne Gruden & John Piper, Recovering Biblical Manhood and Womanhood (Wheaton, IL: Crossway Books, 1991), 150.
6 Bauer, 639.
7 W.E. Vine, An Expository Dictionary of New Testament Words (Iowa Falls, IA: Riverside Book and Bible House, 1952), 124.

QUESTIONS À DISCUTER

  1. Quelle est la différence entre un gouvernement politique épiscopal, presbytérien et congrégationnel?
  2. À quoi le mot ekklesia faisait-il originalement référence?
  3. À votre avis, pourquoi Jésus a-t-il choisi un mot aussi lourd de sens politiquement qu’ekklesia pour décrire Ses disciples?
  4. Dans le Nouveau Testament, quels sont certains exemples où le peuple de Dieu prend des décisions en tant que corps?
  5. Quelle est la différence entre la loi de la majorité et le consensus d’assemblée?
  6. Quelle est la différence entre consensus et unanimité?
  7. Quels sont les moyens donnés par Dieu pour aider l’église à parvenir à un consensus?
  8. Où et comment les anciens interviennent-ils dans un gouvernement d’église par consensus des membres?
  9. Selon Jésus, quelle est la mesure d’autorité impartie aux responsables de l’église? (Lc 22:24-27)?
  10. Dans Hébreux 13:17, on exhorte les croyants à « obéir » et à « se soumettre » aux responsables de l’église. Comment est-ce possible dans un contexte de consensus d’assemblée?
  11. À votre avis, pour quelles personnes et pour quels types de situation Hébreux 13:17 a-t-il été écrit?
  12. Comment envisager l’interprétation de la Bible en tenant compte tout à la fois du consensus d’assemblée locale et du consensus de l’église universelle?

Remarque : La NTRF offre aussi des ressources pour l’enseignant afin de l’aider à diriger une discussion au sujet de la vie d’église du Nouveau Testament. Demandez The Practice of The Early Church: A Theological Workbook (Leader’s Guide) à www.NTRF.org.